S’il y a quelque chose que la pandémie du coronavirus (Covid-19) aura réussi à imposer à tout le monde avec son apparition, c’est bien d’arrêter ou alors de ralentir le train-train de la vie et des activités quotidiennes. Les gens se sont retrouvés désagréablement confinés à la maison. Mais tout désagrément dans la vie a souvent aussi un bon côté. Le défi, c’est de découvrir ce bon côté alors que l’on est aux prises avec la souffrance, la difficulté, la douleur, la déception ou la privation.

Mais alors qu’on s’arrête ou qu’on ralentisse notre rythme de vie et de travail, nous commençons à reconsidérer les choses. C’est en effet un moment d’évaluation et de remise en question, personnelle, et pourquoi pas collective. Tout de même, à part les désagréments causés par cette perturbation (ou disruption comme on le dit en anglais), ceci est une bonne occasion de nous examiner et tirer les leçons qui s’imposent. Si cet exercice est mené à bien, il y a de fortes chances de repartir sur de meilleures bases.

Tout commence, ou autrement, recommence par cette étape initiale et cruciale de prise d’informations. Si l’on en est arrivé là, c’est parce qu’il y a certainement des choses qui nous ont échappé, des paramètres que nous n’avons pas maîtrisés ou intégrés dans l’équation. Quels sont-ils ? Parfois, cela peut être des facteurs extérieurs, mais qui influent indubitablement sur notre activité. Avions-nous un plan de contingence en place pour assurer une flexibilité et de la résilience ?

Puis vient ensuite l’analyse des informations collectées. Parce qu’il ne suffit pas seulement de collecter des informations ; il faut aussi les faire parler. Ici, il est question d’établir le lien entre des éléments parfois disparates et sans rapport les uns avec les autres. Néanmoins, il faut aller au-delà des évidences pour dégager des modèles. C’est un peu comme dans une enquête policière : un indice par-ci, une preuve par-là, mais avec un bon flair, ou comme qui dirait un sixième sens, on arrive à ressortir des relations des choses.

Il ne s’agira pas de s’arrêter en si bon chemin. Le processus ne devient complet que lorsque l’on décide de prendre des mesures en fonction des outputs de notre analyse de faits. Et à ce niveau, les actions exigeront nécessairement du courage, car il sera question d’apporter un changement, introduire de nouvelles solutions, différentes de celles connues avant la survenue de la crise.

A y regarder de près, ce triptyque est fondamental à la pratique de l’entrepreneuriat. En réalité, l’entrepreneuriat est l’aboutissement de ce processus. Si l’une des étapes est négligée ou oubliée, l’entrepreneur ne pourra pas obtenir les résultats escomptés. Vu sous cet angle, il ne serait pas exagéré d’affirmer que n’est pas entrepreneur qui le veut, ou qui s’autoproclame comme tel. C’est vrai, l’entrepreneuriat est parfois devenu comme un phénomène de mode : conférences, webinaires, coachings, incubateurs… Tout ceci est bien, mais si la formule n’est pas respectée, le résultat sera mitigé.

 

Clé de la créativité

Paradoxalement, au lieu d’être une contrainte, le trio « apprentissage-compréhension-entreprise » est source d’épanouissement pour celui/celle qui s’y prête, car il assure de la fraîcheur dans les idées. C’est comme un cycle par lequel on est en constante régénération. Et l’entrepreneur qui le pratique est comme dans une récréation continuelle. Récréation au sens technique du terme, c.à.d. il y a toujours du nouveau dans sa personne et ses activités ; mais aussi récréation au sens social du terme, c.à.d. il se détend tout en travaillant. Avez-vous déjà entendu parler des gens qui sont passionnés par leur travail ? Voici un de leurs secrets.

Je comparerais ce cycle avec le fait de manger. Et manger est un plaisir pour tout un chacun de nous. Je dis souvent qu’on ne peut pas manger et être fâché en même temps. C’est presqu’impossible. Lorsqu’on ouvre la bouche pour ingérer la nourriture, nos muscles faciaux se détendent automatiquement 😊.

Mais ce n’est pas cela le point. Le voici : bien que manger soit une nécessité et un plaisir, il est d’abord le résultat d’une crise, c.à.d. de la faim ! Mais voyez comment se déroule le processus : Pour manger, nous collectons de la nourriture ; une fois ingurgitée, notre organisme se charge de faire les mélanges, c.à.d. de raccorder différents éléments éparses. Après cette activité métabolique, le système tire ce qui est nécessaire au fonctionnement de l’organisme, et rejette le reste.

 

Je suis, puis tu es

Ceci étant, l’on comprend alors que l’on ne devient pas entrepreneur parce qu’on veut impressionner ou faire plaisir aux autres ; mais d’abord parce que c’est une responsabilité vis-à-vis de soi-même ; comme manger, ça nous grandit et ça nous réjouit. Car  les bonnes choses, ou le bien, on ne le fait pas d’abord ou seulement en présence des autres, mais d’abord pour soi-même. Et en voie de conséquence, ce que les autres recevront ne sera qu’une extension, une répercussion.

 

Entreprendre c’est donc libérer de l’espace en soi pour plus de créativité encore. En face d’une situation donnée, on regarde. Mais il ne suffit pas de regarder, il faut voir. Beaucoup de gens regardent, mais peu sont ceux qui voient. Après avoir vu ou compris, il faut agir, entreprendre quelque chose. L’action, et encore l’action.

Ce processus à trois étapes est tellement ancré dans la vie et les règles du succès. Il n’est pas étonnant que les Saintes Ecritures disent à cet égard : « Que ce Livre de la Loi (information, connaissance) ne s’éloigne point de ta bouche ; médite-le (réflexion, intelligence) jour et nuit, pour agir (sagesse, mise en pratique) fidèlement selon tout ce qui y est écrit ; car c’est alors que tu auras du succès dans tes entreprises, c’est alors que tu réussiras* ».

 

Bon deuxième semestre à vous !

 

*Livre de Josué, chapitre 1er, verset 8.