C’est curieux de voir comment avec le temps, un mot peut changer de signification. Non seulement il change de signification, mais il arrive parfois à exprimer exactement le contraire de ce qu’il voulait dire auparavant.

C’est ce qui est arrivé entre autres au mot « Patron ». Ses racines primitives renvoient d’abord à une personne d’influence, souvent nantie, qui offre sa protection à ceux qui sont sous son domaine. Une fois de plus, et comme dans notre article précédent, c’est l’idée d’influence qui émerge.

Un autre exemple d’un mot qui a perdu son sens du départ pour signifier l’inverse : condescendance. Alors que les Saintes Ecritures nous exhortent à faire preuve de « condescendance » les uns vis-à-vis des autres, aujourd’hui, ce mot a perdu son sens premier : faire preuve de délicatesse, d’attention vis-à-vis des autres ; pour dire exactement le contraire : afficher un comportement distant, méprisant, hautain, voire arrogant.

D’ailleurs, il est fort intéressant de noter qu’en anglais, « être condescendant » se traduit par « patronizing ». Et le mot et sa traduction ont tous perdu leur sens.

Ceci me rappelle un exercice proposé dans une formation sur la communication : une information est partagée de bouche à oreille entre une trentaine de personnes. Mais au final, le message que sort la dernière personne de la chaîne n’a rien à avoir, alors absolument rien, avec le message du départ !

Parmi les raisons qui peuvent expliquer que le terme « Patron » ait perdu son sens de modèle pour souvent ne signifier que « Chef », on peut citer l’abus. En effet, ne dit-on pas que lorsque le but d’une chose est méconnu, son abus est inévitable ?

Dans ce même ordre, on peut citer l’exemple du mot « Ministre ». Surtout lorsqu’il est arboré de son accompagnateur « Son Excellence », il fait oublier à celui ou celle qui le porte qu’il n’est qu’un simple « Serviteur » (de la République).

Il est bien dommage que lorsque des personnes sont portées à des postes de direction, elles n’en voient souvent que les privilèges, mais en oublient la responsabilité. Il n’y a pas de privilèges sans responsabilités.

Dans ce sens, un Patron, en tant que modèle, a la responsabilité de « modeler » son organisation, c.-à-d. montrer la bonne façon d’être et de faire ; les fameux savoir-être et savoir-faire. Les patrons ne devraient pas se considérer comme de petits dieux devant qui tout le monde doit trembler et se courber, mais tout simplement des personnes en qui l’organisation a fait confiance pour l’amener à bon port.

 

Voici quelques qualités d’un bon patron, qui est à la fois modèle, mais surtout un leader.

 

Communauté : Un véritable patron ne parle pas de « je », mais de « nous ». Il y a en anglais un adage intéressant, qui dit : « When ‘I’ » is replaced by ‘We’, even Illness becomes Wellness ». Lorsqu’on y va ensemble, même les fardeaux les plus lourds deviennent plus faciles à porter. La communauté, c’est aussi le sens du partage, du bien-être collectif. Combien de fois n’avons-nous entendu parler dans l’actualité ces derniers jours, des patrons qui ne pensent qu’à leurs intérêts personnels en se mettant plein les poches ?

Vision : On ne peut amener les autres que là où on est déjà arrivé soi-même. Un patron ne vit pas que dans le présent. Il doit être en mesure d’anticiper l’avenir pour bien naviguer les défis du moment. La vision est ce qui distingue particulièrement le patron des personnes qu’il doit conduire. Elle est aussi cette capacité à savoir peindre le tableau de l’objectif visé, de manière que votre équipe puisse tirer la motivation et l’inspiration nécessaires pour y arriver.

Intégrité : C’est l’une des valeurs cardinales d’un patron. Elle peut être définie sous multiples angles : être la même personne au-dedans et au-dehors ; dire ce que l’on pense et penser ce que l’on dit ; être entier, c.-à-d. ne pas être éparpillée en soi-même. Mais une autre facette de l’intégrité consiste à être honnête vis-à-vis des personnes que l’on dirige. En politique, on dirait, ne pas être démagogue, ne pas faire des promesses fallacieuses.

Travail (ou engagement) : C’est ça qui distingue un patron de première classe de ceux qui n’ont que le contenant et pas de contenu. Vous les jugerez aux résultats. Un patron ne demande pas aux autres ce qu’il ne fait pas lui-même. Il est le premier à mettre les mains à la pâte.

 

Vivement que les patrons reviennent aux fondamentaux pour des sociétés et organisations plus fortes, et que par esprit d’émulation, leurs collaborateurs aspirent à leur ressembler et pourquoi pas les surpasser !