Lorsque les gens voient la manière dont nous avons organisé et structuré notre travail, plusieurs ont tendance à nous en féliciter et nous en accorder le crédit. Car en effet, à partir de services linguistiques, nous avons créé une société qui fonctionne plus ou moins en bonne et due forme. A partir de celle-ci, d’autres activités et projets ont été développés dans différents domaines.

Pourtant, au départ, les choses n’ont pas toujours été aussi « structurées » et / ou « organisées » qu’elles ne le sont maintenant. Le tout premier jour où nous avions prestés nos services professionnels, nous étions encore loin d’avoir tous les papiers requis à cet effet. C’est avec le temps que cette organisation a commencé à se mettre en place. Comme qui dirait : « Il n’est pas mal de commencer comme amateur, mais il faut se professionnaliser le plus vite possible ».

 

Le client est roi

Dans la plupart des cas, ce sont les clients qui nous ont poussés à aller dans le sens de la formalisation de nos services. Par exemple, il est arrivé à un moment qu’un client change de politiques, exigeant que tous les prestataires de service puissent présenter un document d’enregistrement de leurs activités auprès des services compétents. Face à pareille condition, vous êtes obligés, si vous voulez continuer à travailler avec ce client, d’obtenir ledit document.

Mais qu’est-ce qui est à retenir ici ? C’est que ce client a d’abord commencé par donner sa « chance » à des gens qui fonctionnaient purement et simplement dans l’informel. Mais ces personnes devaient opérer un choix par la suite : soit se structurer et ainsi continuer à rendre service et gagner de l’argent, ou alors ne pas s’enregistrer et continuer dans l’informel, mais alors perdre ce client. Et on voit quelqu’un opter pour obtenir des documents. Du coup, c’est un de moins dans le secteur informel.

 

Phénomène D + 2

Ceux qui ont été un jour à la recherche de leur tout premier emploi après leurs études reconnaîtront certainement ce sujet. C’est le « Diplôme » en ceci ou cela, plus « deux ans d’expérience professionnelle ». Comment voulez-vous que quelqu’un qui vient de finir ses études aient nécessairement à son actif des années d’expérience dans le monde professionnel ?

Sans se rendre compte, c’est à ce même dilemme que l’on expose les jeunes entrepreneurs lorsqu’ils sont à la recherche des marchés et contrats, ou lorsqu’ils proposent leurs compétences et talents auprès de firmes et autres organismes établis. Les conditions auxquelles ils doivent se conformer dépassent parfois leurs capacités du moment, et étouffent en eux toute volonté de se lancer, cédant à la tentation de la facilité : prester dans l’informel

 

Inciter plutôt que contraindre

Qu’est-ce qui peut réellement motiver une personne à obtenir des documents ? Est-ce les beaux yeux de l’Etat qui octroie ces documents ? Ou bien c’est parce que cette personne veut continuer à travailler et gagner de l’argent ? Vous connaissez certainement la bonne réponse. Maintenant, imaginez-vous que cette personne n’ait pas encore démarré ses activités, mais que vous lui exigiez dès le départ à se formaliser, rien n’est si sûr.

En fait, le principe est simple, et d’autres l’ont compris : il est plus facile de laisser une personne commencer une activité, et lui permettre de la formaliser par la suite, que de l’obliger à créer tout de suite une entreprise avec tous les papiers, sans se rassurer qu’il ait même déjà une certaine pratique de l’activité sur le terrain.

 

Droit des Affaires

Lors d’une visite de travail dans un des pays du droit OHADA, le Cameroun en l’occurrence, j’ai appris avec satisfaction que lorsque les sociétés s’enregistrent au Guichet Unique de Création d’Entreprises, elles reçoivent automatiquement une exonération d’impôts pour deux ans ! Quelle belle approche ! Je ne sais pas si cette mesure fait partie de l’arsenal juridique de l’OHADA, ou tout simplement des mesures locales d’incitation à l’entrepreneuriat. Néanmoins, elle a le mérite d’être proactive dans la résolution du problème de l’économie informelle.

 

Ça marche !

Que ce soit vis-à-vis des services de l’Etat, ou des entreprises qui offrent des opportunités d’affaires, il est important que les uns et les autres fassent preuve d’un volontarisme envers les débutants en affaires. Nous ne parlons pas de ceux qui même après des années d’exercice préfèrent toujours se cacher sous le radar, mais de ceux qui sont prêts à se lancer, et qui, si on n’y prend point garde, risquent d’aller aussi gonfler les rangs du déjà important secteur informel.

Nous l’avons observé nous-mêmes. Quand nous avons donné l’occasion à un débutant sans papier de venir offrir des services, avec le temps, il commence sérieusement à envisager de formaliser ce qu’il entreprend.