C’est (finalement) la rentrée des classes dans mon pays, après plusieurs péripéties dues à la pandémie du Covid-19. Et comme chaque année à cette période, nous nous faisons le devoir de cogiter sur un thème qui concerne la jeunesse et l’entrepreneuriat. La rentrée, certes, mais pas que pour l’école ; c’est en même temps la rentrée politique, parlementaire, footballistique, solaire (eh oui, la chaleur est de retour, avec les pluies aussi), et que sais-je encore. Toutefois, l’école des enfants rythme, à bien d’égards, notre quotidien. (nos vies de tous les jours).

Ces jeunes et moins jeunes ne constituent-ils pas la majorité de notre population ? C’est dire que nous avons l’obligation de nous en occuper, mais aussi, nous avons une opportunité d’apprendre d’eux. Le Christ n’a-t-Il pas dit que le Royaume des Cieux appartient à ceux qui ressemblaient aux enfants ? De par mon expérience passée en tant qu’encadreur et répétiteur, j’ai appris que les enfants sont une véritable école, un vrai miroir pour nous adultes souvent altérés et endurcis par les dures réalités de la vie.

 

Enfant prodigue et prodige

Toujours dans les évangiles, le Christ raconte dans une parabole, bien connue de plusieurs, l’histoire d’un père avec ses deux fils (Evangile de Saint Luc, chapitre 15, versets 11 à 32). Le cadet se réveilla un matin et demanda sa part d’héritage à son père, prit ses clics et ses clacs et s’en alla dans un pays lointain, où mal lui en prit, après avoir gaspillé toute sa fortune. Réalisant sa faute, il décida de revenir vers son père, non plus comme fils mais comme domestique afin de trouver ne fut-ce que de la nourriture qui lui manquait là où il était parti. De manière surprenante, son père l’accueillit avec la plus grande joie, et fit organiser pour lui un festin, au grand dam de son frère aîné. En revenant des champs, ce dernier se plaint de cette sorte de prime à la mauvaise gestion de son puîné, alors que lui le bon enfant ne recevait aucun égard.

Il est intéressant de noter que le qualificatif d’« enfant prodigue » ou « fils prodigue » n’apparait nulle part dans le récit. Ce sont probablement les commentateurs et exégètes qui le lui ont collé, effectivement au vu du caractère plutôt bon viveur du jeune homme. Cependant, sans me verser dans des interprétations théologiques, je voudrais tirer, pour le bien de la promotion à l’entrepreneuriat, les leçons que ces deux jeunes gens, aîné et puîné, ont à nous apprendre aujourd’hui. Un autre regard sur le cadet nous fera découvrir des traits plutôt appréciables chez lui, et l’on s’étonnerait aussi de voir que son frère qui se prenait pour un saint a aussi des défauts, et pas de moindres.

 

Les 7 caractéristiques d’un entrepreneur qui réussit

Vous connaissez peut-être les 7 habitudes des gens efficaces de l’illustre auteur américain Stephen R. Covey. Mais ce n’est pas de cela dont il s’agit ici. Nous allons plutôt établir un comparatif entre les deux enfants de la parabole, et comment ils ont agi ou réagi face à une situation donnée, qui fait d’eux soit des gagnants, soit des losers.

 

  1. Fonceur vs Attentiste

D’entrée de jeu, nous remarquons que le cadet a une attitude de quelqu’un qui prend l’initiative. Il se lance dans la quête de son héritage auprès de son père. Il sait que dans la vie, il ne suffit pas d’attendre, il faut aussi atteindre.

Son frère aîné par contre attend que les choses lui arrivent. On ne le dit pas souvent dans les prédications sur ce sujet, mais le fait est que celui-ci avait aussi reçu sa part d’héritage de leur père.

Nous comprenons même par-là que le fait pour le cadet d’avoir demandé sa part d’héritage à son père n’était pas mauvais en soi ; sinon, pourquoi le père avait aussi donné au grand frère alors que ce dernier n’avait rien demandé ? Peut-être même que le père attendait que celui-ci lui demande, mais il n’en fut rien ! C’est le cadet qui en prit l’initiative, et leur père s’exécuta.

 

  1. Innovant vs Traditionnaliste

Lorsqu’il reçoit sa part d’héritage, le cadet prend la décision de se rendre dans un autre pays. Je dirais même qu’il partit du village ou de la campagne et alla s’installer dans une ville. Nous voyons plus loin dans le récit que le grand frère revenait des champs. Donc, cette famille vivait très vraisemblablement à la campagne. Il n’y a rien de mal à vivre à la campagne ; seulement ici, nous voulons ressortir le fait que le jeune a décidé d’essayer quelque chose de nouveau !

Il est à remarquer que l’aîné est resté au même endroit, avec tout son argent qui lui est tombé dessus comme une aubaine, une loterie. Il a attrapé des millions, mais il n’est pas devenu millionnaire. Avoir des millions c’est une chose ; être millionnaire en est une autre. Être fauché est temporaire, mais être pauvre, c’est permanent, parce que c’est dans la tête.

Pourquoi faire et vivre toujours les mêmes choses, tout en restant au même endroit ? A Kinshasa, on dit : « né et grandi ». N’est-il pas possible de voir ailleurs ? Il ne s’agit pas nécessairement de voyager physiquement, quoique. Mais tout commence dans la tête. Un célèbre auteur que j’ai lu il y a plus de 20 ans disait : « Vous ne pouvez pas bouger à l’intérieur et rester statique à l’extérieur ». La tradition est bonne, mais être traditionnaliste, c’est ce qu’il faut éviter. Un sage disait : « La tradition, c’est l’héritage vivant de ceux qui sont morts ; le traditionalisme, c’est l’héritage mort de ceux qui sont encore vivants ».

 

  1. Prise de risques vs Crainte de risques

Quand le cadet reçoit son pactole, il décide de se rendre dans un milieu inconnu. C’est tellement inconnu pour lui à tel point qu’il se fait rouler et perd tout son argent. Néanmoins, retenons que ce garçon a le sens du risque. Bien sûr, un entrepreneur n’est pas un casse-cou ; il apprend à prendre des risques mesurés, calculés. Mais il les prend quand même.

Quant au frère aîné, il choisit de rester au village. Pour lui, pas la peine de prendre des risques. Il ne veut pas s’exposer à des choses qu’il ne maîtrise pas. Mais comment arriverez-vous à maîtriser les choses auxquelles vous ne vous exposez pas ? Il y a un début en toute chose ; il y a toujours une première fois. Apprendre à marcher, pour les enfants, c’est un risque, mais cela ne les arrête pas.

L’entrepreneuriat est intimement lié à la prise des risques. Rien ne garantit que les choses vont tourner comme vous les planifiez. Mais prendre des risques vaut la peine. Comme on le dit souvent : c’est risqué de ne pas risquer. Ne pas choisir c’est aussi choisir.

A suivre