Il y a quelques semaines, il m’a été demandé d’intervenir dans une conférence sur le réseautage d’affaires. Je devais développer le sous-thème: « Ma force dans un réseau d’affaires ».

En réfléchissant sur le contenu de mon intervention, je me suis rappelé qu’on dit souvent que lorsqu’un concept n’existe pas dans une langue, c’est que cette notion est absente ou peu connue chez les usagers de cette langue.

En d’autres termes, bien que plusieurs parlent de réseau ou réseautage d’affaires, c’est un concept dont on n’appréhende pas suffisamment tous les contours. Ça ne se limite pas à échanger les cartes de visite lors d’une conférence.

Une des méthodologies d’apprentissage pour faire introduire de nouveaux concepts aux apprenants, consiste à utiliser des éléments didactiques qu’ils connaissent déjà dans leur environnement. C’est ainsi par exemple que Jésus-Christ, voulant parler du Royaume des Cieux, faisait souvent recours à des images du quotidien de ses auditeurs : « Le Royaume des Cieux est semblable à… ».

Sur cette base donc, je me suis rendu compte que parler du réseau d’affaires, dans un pays où il n’existe presque plus aucun réseau fonctionnel dans quoi que ce soit, relève d’une tâche pour le moins ardue.

En effet, nous vivons tous dans un contexte de manque  de réseau routier conséquent ; le réseau ferroviaire national est devenu obsolète, et le réseau ferroviaire urbain a disparu sous des constructions anarchiques ; le réseau aérien peine tous les jours à décoller ; le réseau de distribution d’eau potable et d’énergie électrique ne couvre pas 20% du territoire… pour ne citer que ces exemples !

Avec pareil tableau, il m’a paru utile de partager avec l’audience sur l’importance de reposer de bons fondements, de revoir nos fondamentaux. Si nous voulons véritablement réintroduire une culture de réseautage, il ne faudra pas se limiter seulement aux affaires, mais commencer par reconsidérer nos valeurs communautaires de base.

Il est souvent dit qu’une des faiblesses des congolais, c’est leur difficulté à travailler ensemble. C’est peut-être une caricature, car les hommes sont les mêmes partout. Néanmoins, il y a une part de vérité dans cette affirmation, au vu des résultats constatés sur le terrain, en comparaison avec ce qui se passe dans d’autres communautés ou sous d’autres cieux.

Le premier facteur qui entre en jeu lorsqu’on veut parler de réseau, c’est l’autre, car on ne crée pas un réseau étant seul, il faut tenir compte de l’autre. Ça peut sembler simple, banal ; mais la plupart de maux dont nous souffrons #ChezMoiAuCongo partent du simple fait que les gens ne tiennent pas compte de l’autre, tout simplement. Les embouteillages-monstres en sont une preuve.

Autre exemple, c’est dans la musique, véritable expression d’une culture. Vous trouverez quelqu’un qui est tout à la fois : auteur, compositeur, arrangeur et chantre. Comment être efficace dans ces conditions ? Et vous trouverez des gens qui sont offusqués parce qu’un tel a rejoué le chant d’un tel autre ?

Lorsque nous allons revenir à accepter qu’un tel peut être un bon parolier, et qu’un tel autre sera le meilleur interprète du chant, et qu’au finish, le succès récolté soit bien partagé entre tous les intervenants, ça sera déjà un bon départ pour la culture du réseautage.

La nature ne nous enseigne-t-elle pas ? Dieu n’a pas donné tous les talents à une seule personne ; Il les a répartis entre plusieurs pour besoin d’interdépendance et d’équilibre social. Le corps humain lui-même n’est pas tout œil, tout oreille ou tout bras. A chacun son rôle et chacun sa place ; et aucune place n’est moindre.