La création des richesses est une des conséquences normales d’un parcours entrepreneurial réussi. S’il y a bien une chose qu’un entrepreneur peut également espérer réaliser à terme pour lui-même c’est effectivement l’indépendance ou la liberté financière. L’histoire ancienne et actuelle nous montre bon nombre de créateurs d’entreprises et de startups, promoteurs et innovateurs qui ont atteint des sommets en cette matière.

Mais il apparaît, pour certains entrepreneurs, que le manque de préparation financière a été fatal à leurs entreprises, voire à leur vie. L’histoire, hélas, est pleine de cas de personnes dont la vie est allée en vrille lorsqu’ils ont touché le jackpot.

C’est dire que la conception que l’on se fait de l’argent et de la richesse est importante. Il est fondamental, en tant qu’entrepreneur d’avoir une bonne attitude, de bien connaître et maîtriser la question du lucre.

 

Richesse, moyen et non but

Tout d’abord, il est impérieux de se faire à l’idée que la richesse ne doit pas faire l’objet d’une poursuite quelconque. Nous connaissons presque tous l’affirmation biblique : « l’amour de l’argent est la racine de tous les maux ». J’ai vu un jour sur un T-shirt écrit : « Get rich or die trying » (Devenir riche ou mourir en essayant). Cette conception est à la base de beaucoup de dégâts. Un entrepreneur véritable ne se mettra pas à la poursuite de l’argent.

En fait, je pense que dans la vie, il y a des choses qu’il ne faut pas poursuivre du tout, mais qui doivent plutôt vous accompagner. Certes, ceci ne veut pas dire qu’il faut exclure d’avoir de l’ambition, mais la vraie ambition c’est de devenir le meilleur de soi-même et donner le meilleur de soi-même, pour soi et pour autrui. Et si en ce faisant, il y a une récompense financière, celle-ci doit être comprise comme une reconnaissance de son travail et non comme une fin en soi.

 

Richesse, facteur révélateur, et non compensateur

Parfois les gens sont surpris de se réveiller un matin et d’apprendre que telle richissime personne a mis fin à ses jours. On se demande pourquoi une telle personne, avec tout ce qu’elle possède, peut en arriver à une décision aussi extrême ? C’est alors qu’on se rend compte que la richesse que l’on a acquise même par son travail ne peut pas compenser un quelconque manque intérieur.

Aujourd’hui la tendance pour plusieurs grosses fortunes du monde entier est de donner une bonne partie de leur fortune à des œuvres caritatives, humanitaires et de bienfaisance. Mais il serait utopique de croire que c’est le lot de tous ceux qui ont les moyens. Une personne égoïste le demeure même quand son statut a changé. Voilà pourquoi un entrepreneur doit travailler autant sur sa personne qu’elle travaille sur ses business.

 

Bénéfice, et non gain

Ceux qui poursuivent la richesse ne recherchent que le gain. Mais avec le temps, ce modèle a montré ses limites. Aujourd’hui, même dans l’accompagnement prodigué aux entrepreneurs en puissance, il leur est enseigné d’oublier leur idée géniale, leur solution pour laquelle ils sont déjà si fiers, et de se focaliser d’abord sur le problème qu’ils veulent résoudre, c.à.d. sur les autres. Sortir de l’exaltation personnelle pour se centrer sur les autres. Le gain ne vous concerne que vous-même, tandis que le bénéfice est le reflet de la satisfaction de deux parties : vous-même ainsi que les autres.

Voici ce qu’en dit King Kabobole, économiste et entrepreneur congolo-sud-africain : « Il y a des gens qui ne visent que le gain! Le gain c’est le résultat positif produit pour soi-même. Le bénéfice, c’est le résultat positif produit pour les autres. Dans le gain, il y a l’exclusion ; dans le bénéfice, l’inclusion. C’est vrai que les gains conduisent à la richesse ; mais les riches sont souvent malheureux car ils n’ont que l’argent ! Ceux par contre qui en font bénéficier aux autres créent la prospérité ». Daniel Pink, auteur de Drive, souligne : « Le principe de maximisation de profit est remplacé par celui de bénéfice social, de poursuite d’un but… L’économie, en effet, n’était pas à l’origine l’étude de l’argent, mais l’étude des comportements (de l’homo œconomicus). »

 

Changer de paradigme

Au bout du compte, un entrepreneur qui se veut une véritable success-story pour lui-même et pour les autres est appelé à changer fondamentalement sa vision de l’argent. Il devra se voir plutôt comme un intendant de la communauté, à qui cette dernière a confié son argent pour (bien) le gérer à sa place. De cette manière, il ne s’enfermera pas dans un cocon lorsque les affaires lui réussissent, mais il saura qu’il a une responsabilité envers les autres. Il se doit de continuer à les servir et à rester attentif à leurs problèmes et besoins.